Évolutions contemporaines du rapport aux mathématiques et aux autres savoirs à l'école et dans la société
21-26 avr. 2013 Toulouse (France)

Axes du congrès

Le titre du congrès − Évolutions contemporaines du rapport aux mathématiques et aux autres savoirs à l’école et dans la société – met l’accent sur les transformations qui bouleversent actuellement le paysage didactique (scolaire, universitaire, professionnel et autres), en modifiant le rapport ordinaire à la connaissance et, corrélativement, le rapport aux savoirs enseignés. Les problèmes inédits ou renouvelés qui en résultent constituent un défi scientifique pour la science didactique dans la mesure où celle-ci, qui s’est constituée historiquement autour de l’ordre scolaire « classique » (dans sa version dite à l’époque « moderne »), doit désormais s’en démarquer afin de continuer à assumer sa mission d’élucidation théorique et à accroître sa capacité de proposition et de régulation en matière d’organisations didactiques.

       Par l’analyse des conditions et contraintes gouvernant le didactique et ayant leur siège en des institutions situées à différents niveaux du réel social (matière étudiée, pédagogie, école, société…), la TAD vise à permettre un abord inclusif des phénomènes didactiques, qu’ils aient pour cadre l’école et ses usages, ou les milieux de la formation et des activités professionnelles, les activités de culture et de loisir, voire les cadres sociaux de la vie quotidienne. Les thématiques qui s’inviteront à ce 4e congrès y seront articulées en quatre axes principaux présentés ci-après.

Axe 1. Perspectives de la TAD, rapports avec d'autres approches

Cet axe traditionnel a pour objectif de permettre de situer les apports et les tendances actuelles de la TAD par rapport au « continent didactique », aux plans national et international. Il appelle un bilan ouvert et dynamique des acquis récents et des perspectives de recherche, et cela en de multiples domaines disciplinaires.

Axe 2. L'analyse praxéologique comme outil de l'analyse et de l'ingénierie didactiques

L’axe 2 fédère un questionnement de type fondamental avec un questionnement de type formatif, au plan individuel comme au plan des collectifs de formation et de recherche : que serait un modèle praxéologique de référence (MPR) pour le chercheur du savoir dont le didacticien étudie les conditions et contraintes de diffusion ? Comment déterminer, construire, utiliser de tels MPR ?

Par contraste avec l’abord simplement pédagogique de la diffusion scolaire des connaissances, la didactique s’est définie depuis toujours comme donnant une place décisive, en matière d’analyse comme d’ingénierie didactiques, aux conditions et contraintes liées spécifiquement à « l’enjeu didactique », c’est-à-dire portées par la question étudiée ainsi que par les œuvres outillant son étude. Cet axe met l’accent sur un double mouvement. Le premier consiste classiquement à articuler l’analyse praxéologique (par exemple l’analyse mathématique) de l’enjeu didactique au travail d’analyse ou d’ingénierie didactiques visés. Dans ce premier mouvement, on s’efforce d’identifier la structure et le fonctionnement de l’œuvre étudiée pour dégager les contraintes qu’elle impose et pour mettre au jour les conditions qu’elle laisse ouvertes et que l’on pourra exploiter. Le second mouvement est, si l’on peut dire, de sens inverse : l’approfondissement de l’analyse praxéologique d’une œuvre implique l’analyse didactique de sa genèse institutionnelle à travers les transpositions successives qui l’ont affectée : d’où vient-elle ? Pourquoi est-elle là ? Quelles transformations, amputations, adjonctions, dénaturations, régénérations a-t-elle subies, pourquoi et comment ? Ces questions et d’autres ont aujourd’hui un intérêt renouvelé du fait notamment des évolutions qui conduisent à tenter d’adapter le rapport commun à la connaissance et aux œuvres aux exigences des pratiques en fort développement du « questionnement du monde » (voir l’axe 3 ci-après).

Axe 3. Entre visite des œuvres et questionnement du monde

L’axe 3 renvoie à un processus majeur actuellement en cours : le changement encore mal appréhendé qui affecte le paradigme de l’étude scolaire. Il concerne ainsi un thème de recherche activement travaillé depuis plusieurs années, celui de la transition historique du paradigme classique de l’étude scolaire (fondé sur l’abord successif de savoirs rencontrés souvent ex abrupto, qu’une part essentielle du travail des didacticiens a jusqu’ici consisté à faire apparaître comme outils de réponse à des questions significatives) à un paradigme didactique en émergence, où, de façon idéal-typique, on part d’une question pour lui apporter réponse, sans préjudice des outils de tous ordres dont la fabrication d’une réponse à la question étudiée supposera la rencontre, l’étude, l’usage.

Le paradigme ancien et toujours « officiel » repose sur l’étude formelle des savoirs enseignés comme composés d’œuvres (mathématiques, littéraires, grammaticales, etc.) que l’on visite tour à tour, de façon généralement immotivée au plan praxéologique. L’épuisement actuel de ce paradigme de la visite des œuvres, dont le bon fonctionnement suppose une docilité en voie de raréfaction, conduit depuis plusieurs décennies à l’émergence erratique de formes scolaires nouvelles, où les questions que l’on étudie se substituent aux œuvres que l’on visite. Dans ce paradigme du questionnement du monde, marqué notamment par les notions d’enquête (sur une question donnée) et de parcours d’étude et de recherche (PER) déterminé par une enquête concrète qu’il détermine en retour, les œuvres de la culture ne disparaissent pourtant nullement : elles se voient assigner un rôle fonctionnel plus authentique du point de vue praxéologique, qui oblige à étudier une œuvre donnée, en synergie avec d’autres œuvres, avec pour finalité espérée d’en tirer profit afin d’apporter une réponse appropriée, fût-elle partielle, à une question ou à un ensemble de questions (qui constitue alors un fragment du « programme » de l’étude). Cette évolution historique profonde, qui soulève un grand nombre de questions, est au centre d’un nombre important de travaux actuels en TAD qui trouveront là à être confrontés et mis en débat. Cet axe devrait notamment accueillir des présentations de travaux participant de l’étude critique de la notion d’inquiry-based teaching et de ses déclinaisons en divers pays (telle, dans le cas français, la notion « officielle » de démarche d’investigation scientifique).

Axe 4. Apports de la TAD à l'enseignement et à la diffusion des connaissances

L’axe 4 pousse en avant un ensemble de problèmes considérés en TAD comme cruciaux à la fois pour la société et pour la recherche en didactique : les problèmes qu’une société rencontre dans la conception et la réalisation de projets de diffusion des connaissances. Ce programme de recherche concerne dans son principe l’ensemble des institutions et des acteurs de tous niveaux, amateurs ou professionnels, qui prétendent concourir à diffuser la connaissance de systèmes praxéologiques quels qu’ils soient.

Un tel programme a aujourd’hui pour noyau dur l’étude des professionnalités enseignantes, dans un cadre scolaire, universitaire ou professionnel, qui prend appui sur deux concepts principaux. Le premier concept clé est celui de profession, à condition de subsumer sous cette expression l’ensemble des acteurs de l’enseignement de telle ou telle discipline, c’est-à-dire, pour prendre le cas des enseignements scolaires, non seulement les professeurs eux-mêmes, qui forment le gros de la troupe, mais aussi les militants associatifs ou syndicaux ayant à connaître de cet enseignement, et encore les formateurs de professeurs, les inspecteurs, les responsables ministériels de l’enseignement considéré, à quoi s’ajoutent notamment les chercheurs en matière d’enseignement de la discipline. Le deuxième concept clé est celui de problème de la profession, qui renvoie aux difficultés rencontrées dans l’exercice même du métier ou identifiés par l’observation et l’analyse des conditions et des contraintes de ce métier et reconnus par au moins une partie de la profession comme des problèmes, c’est-à-dire comme des difficultés objectives (même si elles sont d’abord subjectivement éprouvées), dignes de la mobilisation collective de certaines ressources de la profession.

L’évolution actuelle du paradigme de l’étude scolaire, qui fait l’objet propre de l’axe 3 ci-dessus, ainsi que les variations parfois brutales de l’engagement des sociétés dans la diffusion organisée des connaissances apportent aujourd’hui à la recherche des problèmes difficiles et fréquemment inédits.

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